Ce qui est incroyable du cinéma, c’est qu’il surprend sans arrêt. Il est bourré de belles surprises, de drôle de découvertes et de surprenantes déceptions. Récemment, j’ai visionné un film duquel je n’espérais pas grand-chose. Et voilà que pourtant, je me fais prendre à mon propre jeu: Hanna m’a épatée.L’action prend place un peu partout et présente l’histoire d’une jeune femme au parcours particulier. Hanna vit dans «la forêt» avec son père et c’est tous les jours qu’elle s’entraîne à se défendre, jusqu’au moment où elle se sent enfin prête à se battre réellement: à vrai dire et depuis toujours, elle est conditionnée à tuer une femme en particulier, pour des raisons qu’elle ignore. S’enfuir de la forêt signifie pour Hanna de n’appartenir désormais à aucun endroit, et le monde se fait alors pour elle une immense et effroyable nouveauté aux limites inconnues. C’est l’histoire d’un être aux repères particuliers, c’est l’histoire d’une jeune femme qui ne connait pas l’impossible et qui ne s’y arrête pas.
Le scénario de ce film est particulièrement bien travaillé. Les évènements sont bien ficelés et leur présentation à l’écran est accompagnée de magnifiques transitions. L’appartenance du protagoniste dans un monde qui lui est inconnu se dévoile à l’écran par différentes particularités qui inscrivent l’oeuvre dans une originalité frappante, et croyez-moi, il faut le voir pour le croire.
Des personnages qui n’appartiennent à aucun endroit dans une société moderne méritent un traitement choc, visuellement parlant. C’est exactement ce que nous offre ici ce film, en opposant différentes mentalités, décors, pensées, idéaux et réalités. Il est possible de deviner l’époque dans laquelle l’action prend place, de reconnaître les lieux qui nous sont présentés, mais ils ne sont pas comme nous les connaissons: vu par les yeux d’Hanna, notre monde n’est plus le nôtre, notre logique n’est plus valable et c’est tout aussi déstabilisés que la jeune héroïne de cette oeuvre que nous suivons ce récit particulier, acharné et touchant.
Comme chacun des éléments de ce film se fait décousu par rapport aux autres, un fil conducteur très fort lui était absolument nécessaire. Ce dernier, pour mon plus grand bonheur, est effroyablement bien instauré. Hanna est composé comme un conte de fée, et c’est d’ailleurs un peu l’histoire du petit chaperon rouge. Tout au long de ce long métrage, différentes allusions au loup permettent de créer une métaphore filée particulièrement savoureuse. La victime et le traqueur prennent pour corps Hanna et cette mystérieuse et effroyable femme interprétée par nul autre que Cate Blanchett. Remarquez d’ailleurs à quel point elle se fait dure dans ce rôle, avec un regard perçant et une obsession pour des dents propres, tout à fait canine et prête à se battre jusqu’au sang.
Une multitude d’éléments, un traitement visuel sensible et démarqué, un scénario béton et des performances touchantes. Ces quelques éléments sauraient bien définir ce film, en ce qui me concerne. Ça vient du coeur, des tripes. C’est animal. On ne demande pas plus.
Crédit photos : Alliance Vivafilm
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