Réalisé en 2012 par György Pálfi, Final cut: Ladies and Gentlemen a su être le sujet de bien des conversations et ce, partout sur la planète, depuis son arrivée sur nos écrans. Présenté dans de nombreux festivals au courant de la dernière année, c’est jusqu’à Cannes que ce long-métrage des plus particuliers s’est fait connaître et ce n’est pas sans raison. Le réalisateur de Taxidermia fait sensation et nous présente ici une oeuvre qui saura vous charmer!
Dès les premières secondes, je comprends là où on veut m’amener: un montage effroyablement bien travaillé me présente un univers déconstruit aux spécificités infinies, un univers aux repères désarticulés. Des plans appartenant à des centaines de films s’enchainent et en arrivent à créer une toute nouvelle histoire. C’est un tour de force que réussit ici le réalisateur de ce long métrage, notamment par la manipulation des images, leur succession et le sens qu’elles évoquent dans ce nouveau récit.À vrai dire, c’est une nouvelle réalité qui s’impose. Elisabeth Taylor, Ingrid Bergman, John Travolta et Marilyn Monroe ne sont plus. Il ne reste que deux personnages aux mille visages: une lady et un gentleman.
En ce qui me concerne, Final cut: Ladies and Gentlemen est une oeuvre qui pousse à la réflexion, qui tend à susciter un questionnement chez son spectateur. Ce n’est pas une histoire, mais c’est ce qui découle de toutes les histoires. C’est le récit d’un homme et d’une femme, qui n’appartiennent à d’autre univers que celui du grand écran. Leur histoire nous est familière, parce qu’en les nombreux corps auxquels ils répondent, nous nous reconnaissons tous. Nous les avons aperçus dans de grands classiques, nous les aimons et c’est avec un plaisir sincère qu’ils se présentent maintenant à nous dans des rôles qui ne sont pas les leurs. Nous sommes appelés, au coeur de ce film, à être interpellés par les personnages qui nous sont présentés, à se reconnaître en ces aventures que nous connaissons mais que nous redécouvrons sous un jour tout à fait nouveau.
Le récit est en soi très banal. Il s’agit d’une histoire d’amour comme il en existe tellement. La différence, par contre, entre toutes les histoires d’amour et celle qui nous est ici offerte est le message qu’elle renvoie, lequel est appuyé par sa forme si particulière. L’histoire se crée, les mouvements se continuent en étant tous interrompus, et voilà qu’ils se prennent: l’homme et la femme, le son et l’image, la couleur et les teintes de gris. Ce n’est pas une critique, ce n’est pas tout à fait un hommage. C’est une forte et sensible constatation: l’amour, comme le cinéma, est parfait dans ses incalculables imperfections.
Tous les thèmes magistraux du septième art y sont abordés: la guerre, l’amour, la bataille, la trahison et la mort s’embrassent et se déchaînent au coeur de cette oeuvre où nous n’avons plus le moindre repère et où tout ce que nous connaissons est remanié, où Audrey Hepburn adresse un regard à Sylvester Stallone et où cela nous semble véridique.
Enfin, c’est ravie que je me suis levée de mon siège suite au visionnement de Final cut: Ladies and Gentlemen. Ce n’est pas tous les jours que de fragiles diamants du cinéma se présentent à nous, timidement, sur un petit écran, mais c’est toujours avec plaisir qu’ils sont accueillis, eux qui nous laissent cette impression de maîtrise et d’amour presque douloureux pour un art encore nouveau mais au potentiel plus grand que n’importe quelle bobine. Une aventure nouvelle aux visages connus, un mélange équilibré de modernité et de savoureux classiques.
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