C’est dans les années 2000, où le cinéma du divertissement était à son apogée, que le réalisateur Keenen Ivory Wayans eut l’idée d’exploiter les plus grands clichés du cinéma de l’horreur et d’en faire un film. De cette idée de génie naquit Film de peur 1, comédie plutôt réussie qui en fit sourire plus d’un. Malheureusement, ce succès s’étiola avec l’arrivée de trois suites aussi mauvaises les unes que les autres.
C’est en 2013, sept ans après l’horreur que fut Film de peur 4, que le réalisateur Malcolm D. Lee, connu pour… pas grand chose, finalement, décida de faire renaître la série. Mesdames et messieurs, veuillez accueillir sur vos écrans le tout nouveau Film de peur 5 qui, avec ses acteurs des plus select (on parle quand même ici de Charlie Sheen et Lindsay Lohan, dont le talent inné ferait rougir Depardieu), ses blagues intellectuelles et son scénario digne des frères Coen, amènera le cinéma vers un autre niveau.
Voyez ici l’ironie.
C’est donc avec plusieurs craintes que je me suis assis dans la salle de cinéma. Le film débute donc avec deux junkies qui retrouvent, dans une Cabane dans les bois, trois enfants perdus qui parlent à une entité invisible qu’ils appellent Mama. Ces trois enfants sont donc remis à leurs parents qui, pour pouvoir les récupérer, doivent habiter dans une maison remplie de caméras, du style Activité Paranormale.
La petite famille réunie (ainsi que leur femme de chambre qui détruit le ménage plus qu’elle ne le fait) n’est pas au bout de leurs peines. En effet, les enfants continuent à sentir une présence paranormale dans la maison. Et leurs parents, avec leurs emplois respectifs (le père travaille dans un laboratoire qui provoque une Montée de la planète des singes et la mère fait du ballet pour Le cygne noir), doivent trouver du temps pour exorciser la maison. Finalement, la famille apprendra que, pour en finir une fois pour toutes avec le mal, ils devront prononcer une formule écrite dans un livre. Vous l’aurez deviné, ce livre est dans la cave d’une cabane abandonnée ressemblant drôlement à celle d’Evil Dead.
Le scénario de Film de peur 5 n’est donc pas logique et aucunement crédible. Même si ce style de film plus populaire et grand public n’oblige pas un scénario béton, il aurait tout de même été intéressant d’aller plus loin. Les scénaristes ont malgré tout réussi à faire la parodie d’une vaste sélection de films de tous les genres, ce qui est un succès en soi.
Le nombre de films couverts est assez impressionnant dans ce nouveau Film de peur. Il faut dire que, plus la série avançait, plus les opus priorisaient l’humour immature, scatologique et sexuel aux références aux films d’horreur, au grand dam des cinéphiles. Par chance, Film de peur 5 rectifie le tir. Bien sur, il y aura encore quelques rires gras provoqués par des allusions sexuelles inutiles et des blagues inutiles qui feraient rougir Gilles Latulippe lui-même (c’est drôle, la femme de ménage a des grosses fesses, hahahahaha). Mais quelques idées inventives et des références plus subtiles viennent contrebalancer le niveau d’humour du film.
En effet, Film de peur 5 retrouve le charme de l’original en accentuant son humour sur le style des films d’horreur parodiés. Par exemple, les segments traitant d’Activité Paranormale exagèrent le nombre de caméras dans la maison, et la parodie d’Evil Dead montre de la violence totalement ridicule tant elle est gratuite. Le film accentue donc les moindres défauts des films d’horreur des dernières années, ce qui en fera sourire plus d’un.
La distribution du film est tout de même bonne, même si elle n’était probablement pas très difficile à faire. En effet, le scénario de qualité assez discutable oblige un casting contrôlé par les stéréotypes : on veut un noir, une grosse, une fille sexy, un vieux. Ces clichés, qui sont la figure de proue de la comédie facile, ne sont jamais réellement intéressants à regarder dans un film. Ce n’est donc pas la distribution qui sera remarquable dans le nouvel opus de Film de peur. Pourtant, mention cuteness à la jeune Ava Kolker qui, forte de son apparition dans American Horror Story, joue la petite fille possédée avec beaucoup d’humour. C’est elle qui semble le plus s’amuser de tout le film, et sa joie et très communicative.
En somme, Film de peur 5 n’est certainement pas la comédie de l’année. Pourtant, ce nouvel opus redonne espoir à une série que je croyais perdue dans les oubliettes depuis longtemps. Certes, l’humour immature est toujours malheureusement présent, mais il faut croire que ce type de blagues a son public. Les plus cinéphiles d’entre nous seront tout de même amusés par quelques passages réussis du film.
Mais, tout de même, chers passionnés de l’horreur, vous pouvez attendre le DVD.
Crédit Photo : Alliance Vivafilm
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