Dans plusieurs situations, la perception d’un individu peut lui jouer bien des tours. De grands réalisateurs tels Hitchcock ont démontré qu’il était également possible au cinéma de se faire jouer un vilain tour par nos perceptions, en tant que spectateur. Le réalisateur Steven Soderbergh (Ocean’s eleven) a voulu retourner aux vieilles traditions avec son dernier film, Side Effects (Effets secondaires).
Le suspense raconte l’histoire d’un jeune couple, Emily et Martin. Après que ce dernier ait purgé sa peine de prison, Emily fait une grave dépression. Le psychiatre Jonathan Banks lui prescrit de nombreux médicaments, qui ne conviennent pas. Un nouveau médicament semble finalement bien fonctionner, jusqu’à ce qu’il ait de graves effets secondaires. Qui est le coupable ? Le psychiatre ou le médicament ?
À la réponse de cette question, il y a un piège. Le réalisateur sert au spectateur un scénario plutôt sournois, qui se compose de deux grandes parties. Dans une première part, le spectateur prend la place d’une personne complètement extérieure et croit percevoir la vérité. Dans la deuxième partie, le spectateur se rend compte qu’il s’est complètement trompé. La surprise créée suite au dénouement fonctionne très bien : on ne s’y en attend pas du tout ! J’ai cependant moins apprécié la transition entre ces deux parties. Transition qui pourtant s’avère un pilier très important du scénario. La réalisation a donc manqué sur ce point la chance de présenter un film plus achevé, mieux ficelé.
Une autre partie intéressante du film est certainement les personnages. Non seulement le réalisateur a voulu s’amuser avec la perception que le spectateur a du récit, mais il a également joué avec la perception du spectateur quant aux personnages. Plus le long-métrage avance, moins il est possible de savoir à qui faire confiance. On change d’opinion plus d’une fois sur les personnages, ce qui n’est pas monnaie courante au cinéma. Il faut dire que l’effet n’aurait pas pu être le même sans l’excellente interprétation des personnages principaux. Vous pourrez reconnaître certains visages, dont Channing Tatum (!), Rooney Mara, Jude Law ainsi que Catherine Zeta-Jones. Il est toutefois dommage que les acteurs de soutien n’aient pas tous montré autant de talent…
Finalement, la réalisation a réussi un grand tour dans ce suspense à la Hitchcock. Certains se verront amuser de la surprise réservée au spectateur, d’autres apprécieront peut-être moins le tour ! Pour ma part, j’avoue être ambivalente. J’ai particulièrement aimé l’idée originale du scénario et de la réalisation, mais l’exécution de cette idée ne s’est pas montrée convaincante. Même s’il est normal que la ligne directrice d’un tel film ne soit pas tout à fait claire, il a tout de même manqué une certaine précision. Comme je l’ai déjà mentionné, la transition a été escamotée et ce faux pas m’a malheureusement laissé une sensation étrange tout au long de la dernière partie du film.
Side effects est définitivement un film étrange. Surprenant. On ne peut pas détester un film aussi intelligent. La réalisation a cependant des lacunes trop importantes. Bien qu’il ne soit pas mon film favori de l’année, je le suggère tout de même à tous les curieux, mais également à ceux qui aiment les grands revirements. Il ne vous reste qu’à franchir quelques étapes :
Regardez la bande-annonce. Regardez le film. Rendez-vous compte que ce n’était pas du tout ce que je vous pensiez. Et finalement, soyez surpris !
Crédit Photo : Les Films Seville
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