Mon nom est Django. D-J-A-N-G-O. Et le D est muet.
C’est de cette manière que se présente Django, l’ancien esclave autour duquel est basé le nouveau film éponyme de Tarantino. Bien connu entres autres pour ses hommages au cinéma japonais (Kill Bill) ses inoubliables scènes d’action (Pulp Fiction, par exemple) et ses pieds de nez à l’histoire (Le Commando des Bâtards), la barre était haute pour le tout nouveau film du réalisateur. Est-ce que Django Déchainé est à la hauteur des attentes des fans de ce monde? Eh bien, soyez rassurés, la réponse est oui.
L’intrigue de Django Déchainé se situe dans l’Amérique de l’an 1858. L’histoire débute lorsque Django (Jamie Foxx), un esclave, se fait redonner la liberté par le Docteur King Schultz (Christoph Waltz). Cependant, le geste du Docteur n’est pas qu’un acte de bonté gratuit. Pour acheter sa liberté, Django devra tuer un groupe de criminels avec qui il a déjà fait affaire. Les deux comparses partiront donc en quête de sang et de meurtre, avec pour seul but la mort de ces criminels.
Ce qui pourrait sembler être une histoire bien simple se complexifie grandement lorsque Django fait part d’un problème à Shultz : sa femme, une autre esclave, a été vendue au richissime Calvin Candie (Leonardo Dicaprio), réputé pour son mauvais traitement avec ses esclaves. C’est alors que la véritable intrigue de Django commence.
Django Déchainé a donc deux intrigues distinctes, répondant chacune au but des deux personnages principaux. En premier lieu, le massacre d’un groupe de criminels, et en second plan, la rescousse de la femme de Django. Ces deux histoires, bien qu’elles sont intimement liées, rallongent considérablement la durée du film (qui, au final, dure 165 minutes). Comme à son habitude, c’est donc un film très long que Tarantino nous présente avec Django Déchainé.
Cependant, la longueur du film n’est pas un défaut à part entière. Oui, certaines scènes sont beaucoup moins importantes que d’autres, mais l’ensemble est si magique qu’il serait triste de retirer la moindre séquence du film. On a même prédit la sortie prochaine en salles d’une version plus allongée du film, au grand bonheur des fans. C’est donc dire que les 2h45 que durent le film passent aussi vite qu’un claquement de doigts.
Avec Django Déchainé, Tarantino nous livre cette fois-ci un brillant hommage aux films de style western. Bien sur, on y retrouvera des références à la série de films western Django, où, dès 1966, Franco Nero interprétait un cow-boy dur à cuire (D’ailleurs, l’acteur du Django original fait une courte apparition dans le film de Tarantino). Mais les cinéphiles les plus aguerris retrouveront une foule de références au cinéma du western-spaghetti, que ce soit dans le nom des personnages, leurs costumes ou même les angles de caméra.
La réalisation de Tarantino est, une fois de plus, grandiose. Comme dans la plupart de ses anciennes productions, Django Déchainé possède une facture visuelle de grande qualité. Dans chaque plan, tout revêt une énorme importance : la luminosité, les ombres, les déplacements… Rien ne semble laissé au hasard. C’est ce qui démontre le grand talent et l’amour que Tarantino a pour le cinéma.
Outre la réalisation, le film peut se vanter d’avoir une excellente distribution. Jamie Foxx, dans le rôle d’un esclave prêt à tout pour assouvir sa soif de vengeance, livre une performance sommes toutes assez sobre et sans artifice, mais il livre la marchandise. Cependant, force m’est d’admettre que les yeux sont rivés sur Christoph Waltz qui, dans le rôle du chasseur de primes, vole la vedette. Il n’est peut-être pas aussi remarquable que lors de sa performance dans Le Commando des Bâtards, mais l’acteur est tout de même remarquable.
Leonardo Dicaprio, lui, est aussi talentueux qu’à son habitude. J’admets que je m’attendais à le voir davantage dans le film, lui qui est une importante tête d’affiche. Mais lorsqu’on le voit, l’acteur ne se fait pas oublier. Mention spéciale à Samuel L. Jackson qui, dans son interprétation d’un homme qui déteste les noirs (pour les néophytes, l’acteur est lui-même noir, d’où l’ironie), est tordant.
Avec une réalisation hors pair et une distribution excellente, qu’est-ce qui pouvait mal tourner? La musique. Cependant, aucun problème dans Django Déchainé. Une fois de plus, Tarantino nous offre une bande son extrêmement variée, qui, même s’il s’agit d’un film western, passe de l’électro au rap, en passant par la ballade romantique.
Malheureusement, le film n’est pas parfait. En fait, à prime abord, il est excellent, mais les connaisseurs du réalisateur noteront peut-être que Tarantino, dans Django Déchainé n’as pas osé comme il sait si bien le faire. Bien sur, les fans retrouveront l’empreinte particulière de leur réalisateur favori, mais il me semble qu’il aurait pu oser davantage, plus particulièrement dans l’intrigue. Mais on sait bien que les histoires à la Tarantino ne sont jamais extrêmement complexes, et on lui pardonne sans problème, puisque Django Déchainé reste un excellent film.
Pour une production à la hauteur de nos attentes, pour un scénario très bien écrit, une distribution hors pair et une réalisation (une fois de plus) excellente, Django Déchainé est un film qui mérite bien de manquer un réveillon de Noël pour aller le voir en salles, à sa sortie. Sortez vos chapeaux de cowboys et vos revolvers à six coups, le temps est venu pour la vengeance.
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