Michael Bay qui décide de réaliser un film qui tourne autour du rêve américain avec Mark Wahlberg et Dwayne Johnson, c’est un projet qui risque de donner des maux de tête assez musclés. Ne faisant pas dans la dentelle, le réalisateur américain a prouvé mainte fois par le passé son talent pour le dynamitage et pour les scènes d’actions à grand déploiement. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, son nouveau film Coup Musclé (Pain & Gain en v. a.) ne contient aucune explosion. Et c’est tant mieux!
Le drapeau des États-Unis, le corps découpé, le torse bombé, le regard de vainqueur et les voitures de luxe n’ont malheureusement jamais fait partie de mes photos scolaires. Pourtant, tout le monde aspire au rêve américain. Particulièrement Daniel, Paul et Adrian qui feraient tout pour y parvenir.
Étant entraineurs physiques dans un club culturiste de Miami, nos trois rêveurs (campés par Mark Walhberg, Dwayne « The Rock » Johnson et Anthony Mackie) décident d’organiser l’enlèvement d’un riche homme d’affaires pour lui soutirer sa fortune. Ayant tous dans les bras et rien dans la cervelle, rien ne se passe comme prévu et les problèmes s’accumulent à une vitesse grand V. Le pire, c’est qu’il s’agit d’une histoire vécue.
Heureusement, Michael Bay utilise un traitement fait-vécu moins omniprésent qui avantage son dixième long-métrage. À l’instar de Gangster Squad par exemple qui incitait sur la « véracité » de son récit et de ses personnages en l’exposant en amorce et dans tout le film, Pain & Gain n’en parle que très peu, si ce n’est qu’à la toute fin. Le résultat en est donc plus probant, surtout lorsque l’on se rend compte finalement que ses criminels complètement ridicules ont réellement existé. On tend alors plus vers la dérision des valeurs américaines par la bêtise humaine et l’exagération que vers la consolidation du rêve américain si habituelle à ce réalisateur devenu emblème du cinéma hollywoodien. Et un morceau de robot pour Michael Bay!
Même la réalisation de celui-ci est excellente. Elle peut paraitre surfaite et superficielle pour certain, mais sa réalisation léchée et stylisée scie parfaitement à cette histoire se déroulant en cette Floride année 90. Les arrêts sur image avec sous-titres informatifs et le montage rythmé digne d’une publicité donnent aussi énormément de souffle et de rythme, particulièrement dans cette scène d’ouverture. Malheureusement, la narration omniprésente qui change de narrateur à chaque scène agace inévitablement. Si elle peut paraitre nécessaire, même intéressante, lors de la présentation des personnages, celle-ci devient complètement inutile, plus l’intrigue se conclut. Surtout lorsqu’elle sert d’aparté aux personnages en offrant des répliques complètement grotesques.
Bien sûr, le scénario est plutôt simple, à l’image de ces personnages : un plan inutilement compliqué, un but précis et une exécution brouillonne. Les blagues qui en découlent sont souvent de très mauvais goût, toujours premier degré et souvent scatologiques ou sexuelles. Mais l’ironie et le ridicule de certaines scènes assez macabres demeurent toute foi assez mémorable. On est peut-être bien loin du traitement des frères Coens, mais l’on reste étonné de voir certaines similitudes avec la fameuse scène de la déchiqueteuse dans Fargo.
Pain & Gain réussit à déjouer habilement mes pires appréhensions, mais qu’en est-il de ses interprètes? On s’attendait à voir Mark Walhberg sortir du lot. Pourtant la grande vedette est sans aucun doute ce cher Dwayne Johnson. Il offre tout simplement sa meilleure performance en carrière en interprétant cet ancien prisonnier émotif adepte de la parole de Dieu. Attachant, drôle et crédible sont des adjectifs qu’on ne pensait jamais lui attribuer.
C’était prévisible et on s’en doutait; Pain & Gain incite à mettre notre cerveau à Off durant notre visionnement, mais on ne pensait jamais le faire pour de si bonnes raisons. Michael Bay signe ici son œuvre la plus aboutie et la plus surprenante. C’est un petit pas pour l’homme, mais un pas de robot géant pour le cinéma hollywoodien!
Crédit Photo : Pain&Gain Facebook – Paramount Pictures
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