Depuis toujours, il me semble, mon père a insisté pour que je visionne avec lui Birdy, d’Alan Parker. J’étais déjà habituée au cinéma de ce réalisateur, qui nous avait précédemment offert Pink Floyd: The Wall, lequel s’inscrit dans mes plus grands favoris. Mais cet autre volet, celui mon père aimait tellement, ne me disait rien. Et voilà que cette semaine, je me suis fait tordre un bras et n’ai eu d’autre choix que de m’y attaquer…Le hasard, quand le moment lui semble bon, oblige certaines situations et certaines personnes à se figer sur notre passage pour ne jamais s’en éloigner. C’est exactement le propos du long métrage que je vous présente aujourd’hui: Al, jeune homme bien beau et sportif populaire, rencontre Birdy, introverti, mal dans sa peau et passionné de manière démentielle pour les oiseaux. C’est cet amour étrange pour les pigeons, tout d’abord, qui fascine Al et qui le pousse à se rapprocher du jeune homme, devenant alors un élément essentiel tant de son monde que de ses projets aux proportions hallucinantes. Les deux garçons, apprivoisés l’un à l’autre, se révèlent dès lors inséparables, pour le meilleur et surtout, pour le pire. Une fois la guerre éclatée, et tous deux revenus du Vietnam, voilà que Birdy ne parle plus, ne marche plus et n’interagit plus avec personne sinon la fenêtre de sa petite chambre, laquelle se trouve dans un asile psychiatrique. Parce que Birdy, pour une raison qui échappe à tout le monde, dont nous, se croit devenu un oiseau. Et il semble qu’il faut connaitre les pigeons de manière parfaite pour sortir ces derniers de leur liturgie…
Les thèmes préférés du réalisateur sont tous présents dans Birdy: l’amitié, la folie, la liberté, la guerre et principalement, ses conséquences. Ces derniers prennent place dans un scénario très simple et à la fois très complexe: le film est en réalité monté comme un fragment. Le spectateur entre dans la vie de deux personnages et devient le voyeur de leurs rencontres, choisies au hasard, présentées dans le désordre mais formant l’univers de deux meilleurs amis qui n’arrivent pas à s’oublier.
Visuellement, tout est fidèle à l’oeil méthodique de Parker. Des plans très bien pensés et qui prônent l’introspection, la douleur et la noirceur se succèdent et se confrontent, créant une atmosphère troublante et digne des plus grands troubles, digne de Pink Floyd: The Wall, ce pilier magistral de ma cinématographie, le réverbère de mes propres repères. C’est à la fois si près mais si éloigné de ce que j’aime que j’en suis moi-même troublée. C’est un peu comme tenter de mettre la main sur quelque chose qu’on veut absolument sans jamais y arriver, en étant pourtant toujours très près de le faire. Et c’est absolument délicieux comme ça.
Enfin, la cerise sur le sundae: toute la trame sonore de Birdy fut composée par Peter Gabriel. Le tout est unique et unifié, composé avec coeur et soudé, influençant du coup de manière importante l’ambiance de cette oeuvre et lui offrant cette petite touche particulière que tous les films n’ont pas, mais qui rendent ceux en ayant la possession si précieux.
C’est léger, ça vole tout seul et il faut se laisser embarquer: il parait que les oiseaux réussissent à se laisser glisser dans les airs par confiance. Faites comme eux.
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