Certains réalisateurs ont pour mandat de livrer un message ainsi qu’une vision distincte avec les œuvres qu’ils réalisent. Tel est le cas pour Terrence Malik, cet homme marginal qui a marqué le monde du cinéma, notamment avec L’arbre de la vie (Tree of Life) et La ligne rouge (Thin Red Line). Il a créé cette année toute une surprise en apparaissant sous la distribution de VVS, avec son dernier film À la merveille (To The Wonder).
L’histoire du film À la merveille n’est pas réellement une histoire. L’action qui se déroule lors du long-métrage est reléguée au second plan. On comprend tout de même qu’il s’agit de l’histoire de Neil et Marina. Cette dernière, divorcée et mère d’une jeune fille de dix ans, habite à Paris. Alors que leur histoire d’amour est encore toute fraiche, Neil décide de faire un grand pas et de proposer à Marina et sa fille Tatiana d’aller vivre avec lui dans sa ville natale, en Oklahoma aux États-Unis. Mais le bonheur du changement et d’une nouvelle vie s’estompe très rapidement.
« Quel est cet amour qui nous aime? Qui nous vient de nulle part. De partout. »
Cette interrogation de Marina dans les premiers instants du film guide en quelque sorte la trame narrative de la suite. L’amour sous toutes ses formes est étudié par Malik. Le cinéma qu’il propose ici se distingue fortement de tout ce dont on connait. Le cinéma qu’il nous offre en est un qui parle peu, mais beaucoup à la fois. Peu de dialogues sont échangés par les personnages, que le strict nécessaire. Il a plus du double du nombre de scènes que contient majoritairement un long-métrage. Néanmoins, celles-ci sont écourtées, nous montrant ainsi directement l’action ou le sentiment voulu. L’action est donc secondaire : on ne s’intéresse pas au long processus qui mène vers l’acte, mais plutôt l’acte lui-même et ce qu’il engendre.
Le langage cinématographique de Terrence Malik est donc particulier. Il est également empreint d’une grande poésie. Tout d’abord, le mélange des trois grandes langues, soit l’anglais, le français et l’espagnol est très intéressant et donne assurément au message une plus grande portée. Ensuite, la narration qui berce le spectateur tout au long du film est enchanteresse. Des paroles qui font remuer les méninges et bouleverse le cœur ! Mêlées à une direction photo magnifique et une direction artistique qui évoque une grande sensibilité, cette narration est une vraie poésie. Sans parler de la direction musicale !
Le film met en vedette Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams et Javier Bardem. La grande surprise du film est Olga Kurylenko. Bien que beaucoup de ses pensées sont révélées au spectateur par le biais de sa narration, son visage et son corps parlent énormément à leur tour. Ses humeurs changeantes, ses différentes personnalités sont interprétées avec brio.
Évidemment, ce genre de cinéma ne peut plaire à tout le monde. Le rythme y étant extrêmement lent, l’action et les dialogues limités, certains auront l’impression qu’il n’y a rien à voir. Pourtant, la proposition de Malik mérite qu’on y accorde une attention particulière. Le scénario et l’action auraient pu être clarifiés, mais le film n’aurait pas été le même. On peut le crier bien fort, À la merveille n’est pas intéressant pour son récit. Il l’est plutôt pour le message et la vision qui y est exprimé par un réalisateur hors pair. Si vous êtes un grand adepte de cinéma et que vous ne connaissez pas Terrence Malik, c’est le moment. Ce film est à voir un dimanche après-midi, bien emmitouflé, le cœur et les yeux bien ouverts !
https://www.youtube.com/watch?v=lHa2I2GV1iQ
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