La mémoire est une faculté qui oublie. Il y a de ça trop longtemps que les studios Pixar avaient réussi à offrir un petit bijou d’animation égale à sa réputation. Depuis Inside Out en 2015, coupable d’une tristesse dont je ne suis pas encore revenu, les films peu mémorables se sont enchaînés. Personne ne se souvient réellement de The Good Dinosaur, si ce n’est qu’avec dégoût, Finding Dory nous avait donné une peur bleue par rapport à l’avenir de Pixar et le plus récent Cars 3 nous avait mis en colère d’avoir conclue cette trilogie avec beaucoup trop d’accrochages. C’est donc avec joie que Coco, leur 19e long-métrage, brise enfin leur malédiction des dernières années en offrant une aventure particulièrement touchante et inspirée.
Coco, des réalisateurs Adrian Molina et Lee Unkrich (Toy Story 3, Finding Nemo) rappelle à quel point la famille est importante dans nos vies. Non superficiellement comme dans les Fast and Furious et certains films d’Adam Sandler, mais brillament, prouvant à quel point elle se veut inestimable et primordiale en définissant ce que nous sommes et ce nous allons devenir. Des valeurs donc universelles que les scénaristes de Coco ont su magnifiquement fusionner à la culture mexicaine, et plus précisément avec la célébration Dias de los Muertos et ce avec beaucoup de respect et d’inventivité.
À Santa Cecilia, le jeune Miguel n’a que 12 ans et déjà, il rêve de devenir musicien tout comme son idole, le grand Ernesto de la Cruz. Or, tel un Ren McCormick dansant, Miguel s’est fait interdire toute musique par sa famille puisque son arrière-arrière-grand-père a abandonné la famille pour faire carrière musicale. Bien sûr, le jeune garçon ne voit en cette condamnation qu’une supercherie, et croit fermement qu’Ernesto soit en fait son arrière-arrière-grand-père. Le soir du traditionnel jour des Morts, il se rendra dans le caveau du célèbre chanteur pour y voler sa guitare pour ainsi vivre sa véritable destinée de musicien. Alors qu’il est sur le point de mettre la main sur la guitare du défunt qui trône au-dessus du cercueil, le garçon est projeté dans le monde des morts. Déterminé à retrouver Ernesto, Miguel devra toutefois faire vite, car au lever du soleil, il restera prisonnier de cet univers parallèle s’il n’a pas été libéré par un vœu.
Parvenir à imager et à aborder la mort avec autant de sensibilité, d’optimiste et de sérénité est en soi un miracle, surtout destiné à un public aussi jeune. Bien que l’histoire demeure excessivement familière et légèrement prévisible, malgré ses revirements fort réussis, son écriture aussi éclairée qu’intelligente et la richesse de ses personnages et de son univers font de Coco un récit captivant et rafraîchissant. Coco demeure bien évidemment léger et divertissant pour toute la famille, malgré ses thèmes matures, mais s’avère toutefois un peu moins hilarant que ce que Pixar nous avait habitué. Néanmoins, d’innombrables personnages plus amusants et attachants les uns que les autres et quelques scènes d’actions obligées viendront sans aucun doute plaire aux jeunes et moins jeunes enfants alors que plusieurs subtilités et scènes particulièrement touchantes viendront éveillés de vieux souvenirs familiaux et émotions enfouis chez les plus vieux spectateurs. Pixar réussit majestueusement lorsqu’on ne s’en attend pas, la finale est absolument exquise et émouvante, j’en tremble encore, en culminant toutes ses intrigues de la plus belle des façons possibles. À l’instar d’Inside Out, Toy Story et autres succès du studio, Coco réussit remarquablement à marier mélancolie, nostalgie à une aventure fondamentalement amusante et excitante.
Bien évidemment, Pixar et Disney se surpassent chaque fois; l’animation est ici saisissante de beauté, tant dans l’authenticité des personnages humains et de leur émotion que dans l’extravagance et l’originalité du monde des morts. Le tout est somptueusement coloré, quoique malheureusement assombri par le 3D, et Pixar innove une fois de plus grâce à la richesse de ses décors où plusieurs détails et références sont cachés nous obligeant à réécouter le film plus d’une fois pour en saisir toutes les subtilités. La culture mexicaine sous toutes ses couleurs anime et enracine tant l’esthétisme que le scénario, presque pédagogiquement tant elle nous éclaire sur les coutumes de cette célébration des morts. Bien loin de l’appropriation culturelle, le film brise d’ailleurs des records de box-office au Mexique, Coco s’inspire avec fierté et respect des Frida Kahlo, Santo, des alebrijes et de la musique mexicaine pour ensorceler tous les sens.
À ce sujet, que serait un Disney sans musique, les chansons de Coco s’avèrent tous plus mémorables les unes que les autres, sans paraître forcées ou accessoires, en demeurant authentique et organique à l’histoire. Parvenant même à soutirer quelques rires et quelques, voire plusieurs larmes, les magnifiques chansons et mélodies du film n’ont donc aucune raison d’agacer le commun des mortels, même le plus endurcie des adultes accompagnateurs. Les compositions de Michael Giacchino, qui accompagnent majestueusement le film, ses moments touchants comme ses scènes d’action, risquent fort probablement de jouer en boucle dans les os-parleurs de votre foyer.
Sortie en salles : 22 novembre 2017
https://www.youtube.com/watch?v=FeUkKNbktNU
Version visionnée : Doublé au Québec
Crédit Photos : Coco/WaltDisney
Crédit Synopsis : RCQ
Après quelques offrandes plus ou moins mémorables, le 19e film des studios Pixar réussit encore l'impossible en mariant majestueusement la culture mexicaine à cette fable aussi touchante qu'amusante. Coloré et lumineux, Coco emprunte un récit quelque peu familier mais réussit tout de même à le rendre mémorable grâce à plusieurs revirements réussis et quelques scènes magiquement émouvantes.