Cinema Paradiso, le plus grand chef d’œuvre de Giuseppe Tornatore, est un film presque parfait dans sa simplicité. Encore aujourd’hui, son écoute et son analyse sont d’une inspiration telles que, même plus de 25 ans après sa sortie, une présentation y est encore de mise. Laissez-vous emporter dans l’histoire d’un petit édifice qui en a long à dire.
Je me sens parfois comme le petit Salvatore (Toto, joué par plusieurs acteurs qui interprèteront différentes étapes de sa vie) qui, dès son plus jeune âge, se développe une passion pour le cinéma. C’est que, dans son petit village aux portes de la guerre, face à la censure cinématographique du clergé, Toto est fasciné par la force des images. Le meilleur ami du petit bout d’homme, un projectionniste usé par le temps, lui donne parfois en-dessous de la table les pellicules «interdites» que les institutions religieuses font enlever à la bobine. La force de l’interdit, meilleure motivation pour développer une passion.
Cette passion, Toto la chérira toute sa vie, alors que, les années passant (et l’histoire du cinéma s’écoulant à son rythme), le jeune homme prendra en charge la salle de projection du village (dans un petit bâtiment central nommé le Cinema Paradiso). Encore une fois, facile de s’identifier à cet homme dans la vingtaine qui a vu défiler devant lui l’histoire du cinéma et son impact sur une population en besoin de divertissement.
Bien sur, les douces années du Cinema Paradiso seront ternies par maintes catastrophes. Corruption, controverses et même un incendie seront au cœur de l’histoire de l’immeuble. Mais, toujours, le jeune Toto et sa passion seront là, aux premières loges, afin d’y assister. Jusqu’à ce qu’il rencontre une femme, qu’il aimera peut-être même encore plus que le cinéma lui-même. Mais, bercé de films et d’histoires fictives depuis sa naissance, Toto ne saura pas comment réagir devant tant de beauté et ses sentiments profonds seront possiblement le début de la fin du Cinema Paradiso…
Cette histoire d’amour, d’éveil de l’art issue de l’imaginaire de Giuseppe Tornatore (La légende du pianiste sur l’océan, Malena) est presque parfaite. Dans le même esprit que La vie est belle, le scénario nous amène de part et d’autre d’une naïveté issue du cœur d’un enfant, qui perçoit les drames d’une manière tellement plus poétique et simple qu’ils le sont en réalité! Rien de mieux que l’esprit encore pur d’un enfant pour nous faire apprécier davantage la beauté du cinéma. Bien entendu, la musique d’Ennio Morricone (l’une de ses plus belles bandes sonores à mon avis!) nous rappelle constamment la beauté de cette tragédie.
Car oui, Cinema Paradiso est bel et bien une tragédie. C’est par le rire qu’il est le plus facile d’accéder au drame, et ce film confirme la règle. Si au départ, tout est drôle et naïf, c’est tout simplement pour que les drames auxquels on s’apprête à assister soient d’autant plus forts, difficiles. Et encore une fois, c’est mission accomplie. Mais au final, Cinema Paradiso ne sera qu’un film pour nous faire sourire et apprécier l’art, une inspiration nécessaire à tout cinéphile, un hommage à l’amour et au cinéma… qu’il peut parfois être difficile de concilier. Avec Toto, nous apprenons la dure réalité de la vie, qui est parfois bien plus censurée que les films autrefois projetés dans le Paradiso.
Le style de jeu des comédiens, typiquement italien, est très intense et théâtral. En effet, tout comme dans La vie est belle, les émotions sont bien souvent sur jouées, bien trop intenses pour être la réalité. Mais ce type de jeu s’inscrit tellement bien dans l’univers poétique du film que le tout passe à merveille. Seul Jacques Perrin, qui interprète Toto à un âge avancé, nous offre un jeu plus sobre, qui entre en contradiction avec le reste du film. Ou peut-être que ce qui nous fait décrocher est qu’il n’est aucunement semblable aux autres Totos? Ce choix un peu discutable dans la distribution est peut-être le point le plus faible de Cinema Paradiso.
Quand on me demande pourquoi j’aime le cinéma, je ne sais bien souvent pas quoi dire. Cinema Paradiso est donc ma réponse. Ce petit Toto, qui voit en l’art un moyen de rassembler un peuple, de se comprendre en société aussi bien que soi-même, c’est un peu moi. Désormais, si on me demande d’expliquer mon amour du cinéma, je n’aurai qu’à dire un titre.
http://www.youtube.com/watch?v=C2-GX0Tltgw
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