En lice pour plusieurs catégories aux Oscars, dont le meilleur film, Capitaine Phillips effectuera sa sortie en DVD mardi prochain. Adapté du livre ‘A Captain’s Duty: Somali Pirates, Navy SEALS, and Dangerous Days at Sea” écrit par Richard Phillips et Stephan Talty, le long-métrage relate de l’histoire vraie du Capitaine Phillips. Une histoire révélatrice de grands enjeux reliés à la mondialisation, une histoire enlevante et à la fois bouleversante.
Cette histoire, c’est celle du navire américain MV Maersk Alabama, qui doit naviguer en haute mer afin d’acheminer de l’aide humanitaire en Afrique. Près des côtes somaliennes, le Capitaine Phillips s’inquiète des alertes majeures aux pirates qu’il reçoit et avec raison. Un petit groupe de pirates somaliens s’attaquent au navire. Un problème majeur s’impose : le capitaine et son navire ne disposent d’aucune arme pour se défendre et se retrouvent donc à la merci du camp ennemi.
Assurément, ce suspense haletant captive rapidement le spectateur, qui ne peut que difficilement démordre. C’est une simplicité, mais surtout un grand réalisme qui donnent rapidement le ton au film. Le spectateur est ici convié à visionner un long-métrage qui dépasse le vulgaire divertissement : la trame narrative est beaucoup plus importante. Capitaine Phillips traite certainement d’enjeux politiques critiques. Qui veut entendre parler de pirates en 2014 ? Pourtant, dans les eaux africaines, il en existe. L’extrême pauvreté et la corruption qui fait rage en Somalie, comme ailleurs en Afrique, est certes une autre histoire, mais Paul Greengrass réussit à effleurer avec douceur, mais intelligence cette problématique.
Par ailleurs, la caméra nerveuse et ô combien efficace de Paul Greengrass est de retour dans ce long-métrage. Bien qu’elle ne soit pas toujours adéquate ou justifiée, elle réussit généralement à créer une grande nervosité auprès de ses spectateurs. Combiné à une excellente trame sonore associée aux pirates (le mixage sonore est d’ailleurs également en nomination pour les Oscars), l’effet est tout à fait réussi. Selon le « vrai » Phillips, la reconstitution des événements s’avère bonne, mais la réalité aurait été bien pire que démontré. On s’imagine mal vivre de tels événements, mais il va sans dire que Tom Hanks, dans le rôle du protagoniste, livre une performance extrêmement solide et donne un assez grand indice quant au traumatise psychologique réellement vécu par Phillips. Plutôt étonnant qu’il ne soit pas en nomination pour ce rôle. L’évolution que connaît son personnage au cours des 135 minutes du long-métrage relève d’un travail de maitre : Hanks démontre une fois de plus son grand talent.
La surprise du film est certainement le chef des pirates, interprété par Barkhad Abdi… un ancien chauffeur de taxi du Minnesota ! Alors qu’il n’avait aucune expérience dans le milieu du cinéma, l’ancien chauffeur s’est vu recruté pour Capitaine Phillips et est aujourd’hui en nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur acteur de soutien. Sa façon de communiquer aux spectateurs, et ce, sans utiliser de dialogues, est brillante. Bien qu’il n’ait aucune autre expérience en tant qu’acteur, Abdi mérite amplement sa nomination.
Également, la qualité de la réalisation de Paul Greengrass est à souligner. Il offre cependant un travail plutôt uniforme, ce qui tue en quelque sorte la patience du spectateur. Le réalisme du long-métrage est à la fois sa plus grande force, mais à la fois sa faiblesse. Deux heures quinze minutes c’est relativement long et le dénouement semble à un certain point hors d’atteinte. L’histoire semble ne plus avancer. Il faut cependant prendre son mal en patience : l’épilogue est riche en émotions!
Bref, Capitaine Phillips s’avère un long-métrage intelligent, riche de vérités. Des enjeux qui semblent être bien loin pour les gens d’Amérique et pourtant… Un récit haletant, qui entraine le spectateur à cent milles à l’heure avec le Capitaine Phillips en haute mer.
http://www.youtube.com/watch?v=YPUD38d4ocw
Crédits photos : Google Images
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