Il n’y a plus une journée où l’on ne parle pas de l’univers Marvel. Que ce soit en films, en téléséries, en bandes dessinées ou en produits dérivés, l’univers créé entre autres par Stan Lee et Jack Kirby n’a jamais été aussi prolifique alors que cette semaine, Avengers : Age of Ultron, le 11e film du Marvel Cinematic Universe prend l’affiche à l’échelle mondiale. On s’en doutait et on s’en réjouit fortement, Joss Whedon offre ici plus gros, plus intense et plus drôle que jamais.
Joss Whedon qui avait prouvé son talent de réalisateur passionné en créant l’excellent Avengers, revient avec une tâche aussi lourde que le marteau de Thor. Assoiffés d’action et de nouveaux superhéros, les geeks et autres fans de Marvel attendaient L’Ère d’Ultron avec impatience. Loin d’être indigne de soulever le projet, le réalisateur qu’on a connu avec la télésérie Firefly (Jarvis is my co-pilot!) promettait un film beaucoup plus sombre et mature que son prédécesseur. Malheureusement, c’est plus ou moins réussi.
Après plus de 10 films sur le sujet, on n’a pas senti le besoin de commencer le film avec une longue introduction narrative. Thor, Hulk, Iron Man (qui est revenu de sa retraite), Captain America, Black Widow et Hawkeye sont bel et bien en forme et plus unis que jamais. La cohésion règne chez les Avengers, autant dans leur combat que dans leur relation et on ne donne pas cher du baron Strucker et de ses soldats dans cette scène d’action explosive au château de l’Hydra. Déjà, le ton est donné. L’action n’arrête jamais, l’humour est omniprésent et les lois de la physique n’ont plus lieu d’être. Mais le meilleur est à venir. Après avoir récupéré le sceptre de Loki, Tony Stark et Bruce Banner tentent de créer une intelligence artificielle encore plus développée que Jarvis et toute la technologie Stark. Pas besoin d’avoir vu Jurassick Park pour savoir qu’il est dangereux de se prendre pour Dieu. Transmutée dans le corps d’un androïde, l’intelligence, prénommée Ultron (originalement créé par Ant-Man) prend le contrôle de tous les réseaux informatiques de la planète et jure d’éradiquer la terre de tous les humains. Rien de moins.
On n’aurait pas trouvé mieux que James Spader pour donner vie à Ultron. L’acteur de talent réussit à donner à son personnage une personnalité assez ambiguë entre tyran sérieux et l’irrévérence d’un adolescent. Le vilain reste plutôt mémorable, surtout grâce à sa voix particulièrement sombre, mais pleine de nuances, lorsqu’il échange verbalement avec les Avengers et l’on sent que les scénaristes ont habilement réussi à rendre Ultron beaucoup plus intelligent que les autres à l’aide de sa répartie et de ses répliques savoureuses. Par contre, il a beau être beaucoup plus fort physiquement, on ne sent jamais vraiment le danger de sa présence et on finit par ni le détester, ni aimer à le détester. Son enjeu et ses motivations demeurent beaucoup trop simples pour qu’on l’apprécie à sa juste valeur. Les autres personnages plus « principaux » gagnent heureusement en profondeur. Hawkeye n’est plus le simple soldat sans histoire du premier film. Beaucoup plus drôle et important, Jeremy Renner prouve enfin sa place au sein des Avengers. Bruce Banner alias Hulk et Black Widow sont aussi beaucoup plus développés et on ne s’en plaint pas malgré une histoire d’amour naissante un peu sortie de nulle part. La distribution complète offre encore une fois des performances plus qu’excellentes, dues à cette chimie évidente entre les acteurs et à des comédiens encore plus à l’aise dans leur rôle respectif. Chris Evans avait toujours été un peu stoïque et un peu trop impassible dans les autres films au contraire par exemple de Robert Downey Jr. toujours aussi délectable en Tony Stark. On le sent ici beaucoup plus naturel et à l’aise et on ne peut qu’espérer le mieux à venir avec Civil War quand on voit Captain America enfin de taille contre Iron Man. Cette relation ainsi que le problème d’égo entre tous les autres héros permet aussi une certaine profondeur au film prime à bord assez élémentaire. Sinon, comme toujours, le film multiplie les blagues, cette fois-ci, peut-être un peu plus enfantines qu’auparavant, voulant surement plaire à un plus large public. Majoritairement, elles sont hilarantes, mais quelques scènes plus drôles tendent à rendre le film un peu trop caricatural à mon goût. Joss Whedon frôle la ligne du ridicule sans toutefois ne jamais la dépasser. Au final, on a un film avec des thèmes plus matures, mais l’esprit bon-enfant du film agit ici comme un couteau à double tranchant.
Sinon, Avengers : Age of Ultron délivre ce quoi on attend de lui, c’est-à-dire des scènes d’action explosives à en donner des frissons. Encore une fois, on n’a rien à redire sur tous les effets spéciaux, tout est à la fine pointe et même plus, le montage est imperceptible et le tout défile très rapidement sans aucun temps mort. Le nombre colossal de superhéros en est bien sûr la cause multipliant les péripéties et les combats dans la même scène. Un défaut pour certain, une qualité pour d’autres, le film contient tellement de scènes d’action qu’on finit par oublier ce qui vient de se passer. Le tout devient presque banal, et aucune scène ou presque ne reste complètement mémorable à part bien sûr le combat plus qu’épique entre Hulk et Iron Man, et la scène finale à grand (le mot est faible) déploiement. Force d’admettre que Josh Whedon a vraiment le tour pour les plans 360o autour de ses héros. Age of Ultron se plait aussi à voyager, du moins beaucoup plus que son prédécesseur, en Afrique, en Corée du Nord, en Italie et en Angleterre, rendant ses scènes d’action plus variées et emmenant un léger vent de fraicheur. Par contre, à force de sortir plus d’un film Marvel par année, le nouveau Avengers éblouit moins que l’on aurait souhaité. Sans prendre de grand risque, ou sans changer « d’univers » comme l’avait fait Guardians of the Galaxy, il faut admettre que l’on est de moins en moins étonné.
« There are no strings on me »
La référence à Pinocchio est omniprésente chez Ultron, mais l’est encore plus dans l’univers Marvel. Justement, on sent de plus en plus les ficelles qui tirent dans la même direction depuis le premier Avengers. Et c’est probablement pour cette raison que Age of Ultron est beaucoup moins bon que son prédécesseur. Les nouveaux initiés qui n’ont vu que les films verront un certain manque de profondeur, un flou volontaire au film et auront du mal à se retrouver dans cette histoire à peine effleurer d’Infinity Stone et de nouveaux personnages pas encore développés. On se demande impatiemment où ça s’en va alors que les plus férus baveront d’excitation à la simple réplique référentielle aux prochains épisodes de la série. (Si Wadanka vous dit quelque chose, ça promet) Si l’histoire réjouit les fans de longue date, à l’exception d’une histoire d’amour fort bienvenue et d’une humanisation des superhéros dans une scène plus calme du film, il n’y aura que les scènes d’action qui feront plaisir aux nouveaux adeptes. Pour les autres, vivement Infinity War et Civil War.
Crédits Photos: Walt Disney Pictures