Ant-Man n’a jamais vraiment été le superhéros préféré de tous. En fait, l’astonishing homme-fourmis n’est même pas près de figurer parmi nos superhéros préférés à nom d’insecte. Il n’a jamais fait parti des costumes d’Halloween à la mode, l’inventaire de ses figurines ne s’est jamais dépouillé par sa trop grande popularité et les fourmis n’ont jamais connu cette célébrité instantanée après qu’Ant-Man ait fait son passage au grand écran, comme les dinosaures l’ont connu après Jurassic Park. Comme Georges Brossard qui n’est jamais ressorti des boules à mites pour autant. Heureusement, avec Marvel, quiconque peut s’offrir une chance de briller à nouveau ou pour la toute première fois. Les membres autrefois inconnus des Guardians of the Galaxy n’ont jamais été aussi populaires, Robert Downey Jr. est quelque peu sorti de l’enfer de la drogue grâce à Iron Man et maintenant, Ant-Man et The Wasp, grâce à leur tout nouveau film, risquent d’enfin connaitre leur véritable heure de gloire.
Même si Ant-Man and the Wasp n’a jamais été le film le plus attendu de l’année – il sera difficile de rejoindre Black Panther et Infinity War au box-office —, le 20e épisode du Marvel Cinematic Universe arrive pourtant juste à point, après les nombreux films du MCU où le sort d’un peuple, de la Terre ou de l’univers tout entier était en jeu et quelques semaines seulement après ce combat épique entre Thanos et les Avengers dont l’issu aura laissé plus d’une personne atterrée et inconsolable (je salue d’ailleurs mon très jeune cousin qui ne croit plus en la vie depuis).
Deux années se sont écoulées depuis les événements survenus dans Captain America : Civil War. Depuis, la majorité des héros fautifs, Capt et ses amis, sont ainsi partis incognito aux quatre coins de la terre, afin de fuir les agents des Nations Unies. À San Francisco, Scott Lang (Paul Rudd), un peu moins chanceux, doit cependant purger une peine de détention à domicile pour avoir participé au conflit. Tout en essayant de devenir la meilleure grand-mère possible aux yeux de sa fille, Scott devra aider Hope van Dyne (Evangeline Lilly), assumant maintenant le rôle de Wasp, et son père, Hank Pym (Michael Douglas), afin de retrouver Janet van Dyne (Michelle Pfeiffer), disparue et oubliée à travers le monde subatomique du Quantum Realm depuis trop longtemps.
Une fois de plus, ce second volet arrive à perfectionner sa spécificité au sein du MCU. Déjà, le film nous semble déjà rafraichissant et original grâce à cette intrigue qui se veut davantage sentimentale. En se concentrant principalement sur les relations et personnes qui poussent Scott Lang ou Hope van Dyne à devenir un superhéros plutôt que sur la traditionnelle culpabilité ou un quelconque sens du devoir, le film détient alors une certaine candeur et authenticité fort bienvenues. Mais c’est réellement à travers son mélange de genres ici encore plus organique, entre l’absurdité et l’autodérision, la science-fiction assumée à la Innerspace et les péripéties d’un film de braquages ou d’un road movie, que Ant-Man and The Wasp réussit à se démarquer de la manière la plus divertissante possible.
Grâce à cet inventif laboratoire – McGuffin – sous forme de mallette au format variable, le film tend rapidement à devenir un incessant et captivant jeu du chat et de la souris entre Scott, Hope et Hank, quelques agents du FBI à leur recherche, quelques criminels cherchant à se venger, Luis (Michael Pena) et ses X-Cons, et ce nouveau méchant, Ghost (Hannah John-Kamen), aux pouvoirs, bien évidemment, fantomatiques. Les antagonistes s’avèrent cependant peu mémorables et trop nombreux pour ne pas rendre le film un peu trop épars et superficiel. Leurs motivations et intentions, comme la personnalité de ceux-ci sont finalement assez peu développés et accessoires, même selon le standard Marvel, mais les nombreux obstacles et péripéties qu’ils offrent aux héros demeurent tellement variés, constants et inventifs qu’ils parviennent à être intéressants et bénéfiques au rythme ainsi qu’au plaisir et à l’effervescence du divertissement.
L’humour et l’absurdité apportés par certaines situations – le premier signal de Jane, le Truth Serum, un costume défectueux, Jimmy Woo et tant d’autres – comme par les perspectives minuscules ou gigantesques, ou quelque part entre les deux, sont ici poussés encore plus loin et de manière encore plus efficace et hilarante, alors que les différents acteurs s’en donnent particulièrement à cœur joie dans ce film qui pourrait bien être le plus désopilant et amusant du MCU. Cela dit, la majorité des personnages ont perdu de leur lourdeur : Scott Lang a pu enfin retrouver sa jeune fille (Abby Ryder Fortson qui a la Stature et le talent pour devenir une grande actrice), Hank Pym n’est plus cette machine à expositions parlante du premier et Hope van Dyne, qui peut enfin réellement aider à la cause grâce à son costume de Wasp, a supplanté la haine envers son père par l’espoir de retrouver sa mère. Les enjeux demeurent donc beaucoup plus anodins, mais rafraîchissants dans leur légèreté et cela permet donc aux acteurs d’utiliser le plein potentiel comique de leurs personnages.
Paul Rudd a enfin un personnage à la grandeur de son talent, grâce à cette attitude encore plus flegmatique et pince-sans-rire où il critique cyniquement le ridicule de chacune des situations (Scott Lang would be amazing at Cinema Sins). Évidemment, ce rôle qui lui va comme un gant lui donne la chance d’être encore plus efficace, authentique et toujours aussi hilarant. Le mythique Michael Douglas se mérite également un personnage plus vivant, alors que Hank Pym supplante heureusement son rôle assez limité de mentor à un rôle beaucoup plus présent et fondamental à l’histoire. L’acteur de 73 ans prouve ici toute la fougue et la précision de son jeu en étant aussi touchant que désopilant. Dans un registre un peu plus sérieux, mais tout aussi charismatique, Evangeline Lilly devient enfin (It’s about damn time!) la toute première superhéroïne titulaire du MCU. Bien qu’on ait rendu Ant-Man un peu plus maladroit et un peu moins compétent dans ce film-ci, The Wasp arrive sans mal à voler la vedette, dans la force inouïe et la maitrise gracieuse de ses pouvoirs et grâce à sa personnalité ambitieuse et généreuse qu’Evangeline Lilly rend parfaitement.
Au final, la simplicité volontaire du récit n’excuse pas complètement la paresse et l’absurdité du mumbo jumbo scientifique et technologique du récit. Tout comme le vibranium à Wakanda, l’œil de Thor ou les coupes de cheveux de Black Widow, le Quantum Realm agit selon ses propres règles et celles des scénaristes. Ses pouvoirs et caractéristiques variables et parfois insensés et injustifiés auraient mérité à être beaucoup plus clairs, mais on sent évidemment les mystères volontaires et arcs narratifs non résolus introduits ici et là pour mieux y revenir dans de prochains épisodes. Malgré cette scène au générique de fin un peu prévisible, mais complètement jubilatoire et ses références directes à Civil War, Ant-Man and The Wasp se veut manifestement l’œuvre la plus absurde et plus accessible, voire familiale du genre. Résolument plus assumé et original à travers son autodérision, son intrigue éparpillée, mais aussi touchante que captivante et sa réalisation frénétique et haletante, le 20e volet cette grande et prospère franchise offre un divertissement sans pareil et infiniment désopilant. Tout compte fait, et parce que les araignées ne sont pas des insectes, Ant-Man et The Wasp pourraient bien devenir les superhéros à nom d’insecte préférés de tous.
Sortie en salle : 6 juillet 2018
Crédit Photos : Marvel Canada
Dans un mélange de genre un peu plus organique et assumé, Ant-Man and The Wasp offre enfin des aventures dignes de ce nom à deux des premiers Avengers originals. Malgré un scénario un peu plus éparpillé et volontairement plus léger, ce 20ième film du MCU est trop divertissant, hilarant et inventif pour donner le cafard à quiconque.