Après avoir fait fureur avec son court métrage exceptionnellement effrayant Lights Out (2013), David F. Sandberg, réalisateur d’origine suédoise, prit le chemin d’Hollywood pour y réaliser une version longue en 2016 sous la tutelle de nul autre que James Wan. Son deuxième long métrage, Annabelle : Creation (2017) prend place dans l’univers instauré par Wan dans ses très efficaces The Conjuring (2013) et The Conjuring 2 (2016). Ce film traitait des occurrences paranormales rapportées par Ed et Lorraine Warren lors de leur visite chez les Perron, une famille du Rhode Island en 1971. Si le film traitait principalement de l’influence diabolique d’une des anciens occupants de la maison des Perron, il nous avait également introduits à l’une des poupées les moins invitantes de l’histoire du cinéma : Annabelle.
La poupée effrayante est un élément récurrent des films de James Wan – rappelons-nous de Saw (2004) ou de Dead Silence (2007), mais Annabelle bien est la seule ayant eu assez de panache pour se mériter son propre film, aussi mauvais soit-il : Annabelle (2014).
Avec The Conjuring se déroulant en 1971 et Annabelle en 1967, Annabelle : Creation est également un film d’époque. Celui-ci cherche à expliquer comment la poupée en est venue à être hantée par une présence démoniaque chez son créateur californien en 1956 en plus de faire quelques connexions avec un antagoniste important de The Conjuring 2 qui aura aussi son propre film en 2018.
De fait, l’histoire commence lorsque Sam Mullins (Anthony LaPaglia) accueille chez lui un petit groupe d’orphelines la bonne sœur leur tenant compagnie chez lui. Ce qu’elles ne savent pas encore, c’est que la poupée donnant au film son titre est enfermée dans le placard de la chambre qu’occupait sa fille décédée dans un tragique accident de voiture quelques années plus tôt. Elles découvriront également que de mystérieux événements ont restreint Mme Mullins au lit, disposant d’une cloche pour demander de l’assistance.
Parmi ces jeunes filles, il y a Janice (Talitha Bateman) et Linda (Lulu Wilson) qui se démarquent. La première, infirmée par la poliomyélite est la première que la poupée tentera de séduire et, ultimement, de posséder. La deuxième tentera aussi bien que mal de se débarrasser d’Annabelle et du démon qu’elle habite lorsqu’elle voit son amie dépérir et développer une relation troublante avec la poupée.
Annabelle : Creation comporte bon nombre de scènes effrayantes et fera sursauter plus d’une fois. Or, bien vaut avoir une imagerie qui donne parfois froid dans les dos, mais ce qui démarque un film d’horreur comme The Conjuring des films d’horreur de deuxième ordre, c’est un impressionnant contrôle de la tension et une capacité à jouer avec les attentes des spectateurs. Pour paraphraser Alfred Hitchcock, le « Boo! » lui-même ne fait pas peur, il peut provoquer un réflexe de surprise, mais ce qui est réellement terrifiant c’est l’inconnu – l’anticipation du « Boo! » – c’est se demander comment la poupée a pu tourner la tête d’elle-même alors qu’on regardait ailleurs ou encore pourquoi est-ce que la cloche d’une malade alitée se déplace au beau milieu de la nuit, et vers nous!
Cette dernière qualité n’est pas quelque chose que l’on pouvait admirer chez le premier Annabelle, film dénudé de tension ou de bon goût qui volait sans gêne des éléments cruciaux de Rosemary’s Baby (1968) et de The Omen (1976). Toutefois, Creation perd des points à cause de ses grandes similarités à The Conjuring, à la fois dans sa thématique, mais aussi dans son exécution. En effet, Creation, tout comme The Conjuring implique un groupe de jeunes filles opprimées par une présence démoniaque qui vient à se manifester dans leur nouvelle maison de campagne. Certaines séquences semblent aussi fortement calquées sur des scènes plus efficaces dans le film de James Wan, on pense notamment à l’un des meilleurs moments du film, impliquant une entité diabolique vomissant du sang noir dans bouche de sa victime. Est-ce par manque d’originalité, ou pour faire « rimer » des éléments d’œuvres connexes, comme les strophes d’un même poème? C’est selon.
Crédit Photos : IMDb
Plus près de l'effroyable The Conjuring que du l'affreux Annabelle, Annabelle: Creation est un film d'horreur efficace qui respecte la mythologie de son sujet, même s'il semble manquer d'originalité par moments.