Après son film Le Mirage (2015) sur la vie monotone et épuisante du banlieusard de classe moyenne-haute, Ricardo Trogi sort son troisième et dernier de sa saga autobiographique : 1991. D’un ton plus léger que son dernier, on reconnait bien son style déjà travaillé dans les deux prequels. Cette fois, le jeune adulte Ricardo est à l’université et tous autour de lui partent en voyage. Mais c’est quand la soi-disant femme de sa vie Marie-Ève Bernard (Juliette Gosselin) lui demande de la rejoindre pour un cours d’été à Perugia, en Italie, qu’il ne peut qu’accepter. Sans trop de ressources, avec l’appui à moitié de ses parents et armé de son sac ventral, il décide d’entreprendre cet énorme projet. L’aventure commence dès qu’il est en sol européen et essaie de se rendre à l’heure pour son cours d’Italien avec Marie-Ève.
Ricardo réussit toujours à activer une certaine nostalgie quand on regarde ses films d’époque. Dans 1991, la nostalgie du bon vieux temps est moins présente, mais c’est l’envie de voyager qui prend la place. Et ce, en passant par le trajet cocasse en train où il fait ses premières rencontres jusqu’aux fêtes qui finissent de façon inattendue avec des connaissances du soir-même. Ce qui est intéressant de la forme autobiographique qu’adopte Trogi c’est que peu importe les anecdotes qu’il raconte, elles restent authentiques sur le grand écran. Ainsi, c’est un film pour les jeunes dans la vingtaine, mais aussi pour les moins jeunes parce que c’est facile de s’identifier aux personnages. Ce n’est pas pour autant un film sans lacunes. Un film biographique avec une narration c’est bien normal vous me direz? Bien je suis d’accord; des fois elle nous aide à comprendre une situation et peut amener entre autres de l’humour. Mais cette voix off parle souvent à des endroits qui auraient pu vivre vraiment mieux sans elle. Surtout quand elle devient les pensées mêmes du personnage. Après avoir vu 1987, l’humour devient facilement reconnaissable et les blagues assez prévisibles. Est-ce peut-être par souci de livrer encore plus de ce style auquel le public s’attend, à défaut de le saturer? Dans tous les cas il y en a quelques-unes bien placées et vraiment efficaces. Curieusement ces dernières sont des blagues qui s’éloignent du punch line habituel à la Trogi.
Bien que le patron narratif de 1981 et 1987 revient dans 1991, à mon agréable étonnement le scénario n’est pas si prévisible et la résolution est bien satisfaisante. Oui, même si la quête principale est encore de retrouver la femme de sa vie, Jean Carl-Boucher livre un jeu juste, comique dosé et appuyé aux bons endroits. De son côté, l’interprétation de Juliette Gosselin n’a rien de reprochable; sa grande expérience malgré son âge se fait bien sentir dans les nuances et dans le double jeu qu’elle donne à certains moments. Il faut dire que son casting fonctionne très bien avec le personnage de Marie-Ève Bernard. Mais c’est plutôt le jeu de Sandrine Brisson – interprétant la mère de Ricardo – qui perce l’écran avec ses apparitions affolées dans des scènes de téléphone. Une actrice déjà primée avec le Jutra du meilleur rôle de soutien dans 1981 dans lequel elle joue le même rôle.
C’est important de souligner le travail bien exécuté du directeur de la photographie Steve Asselin. Il nous donne des prises de vue étonnantes et agréables à l’œil. Du petit habitacle de train jusqu’aux vues imprenables du paysage italien en passant par des petites ruelles labyrinthiques que Ricardo doit courir avec son sac à dos beaucoup trop gros. Le tout est assemblé intelligemment par le monteur Yvann Thibaudeau.
Somme toute, 1991 est un bon film qui sera apprécié par les jeunes adultes et les plus vieux. Sans être exceptionnelle, c’est une œuvre efficace qui donne le goût de faire notre sac-à-dos puis de s’acheter le billet d’avion le moins cher pour l’Europe.
Sortie en salle : 25 juillet 2018
Crédit Photos : Les Films Séville
1991 est un bon film qui sera apprécié par les jeunes adultes et les plus vieux. Sans être exceptionnelle, c’est une œuvre efficace qui donne le goût de faire notre sac-à-dos puis de s’acheter le billet d’avion le moins cher pour l’Europe.